Chercher sans se lasser, croire avoir trouver et in fine démonter les ficelles de la société Google en les utilisant. Blog aussi sur Web 2.0, interoperabilité, Sciences & langages & neurosciences). En 1943, Valentin, le chef de la Légion des combattants nommé par Pétain, rejoint Londres et fait diffuser un message d'autocritique et dénonce la faute toujours présente: "On ne reconstruit pas sa maison pendant qu’elle flambe!". SAPERE AUDE!

samedi 13 juin 2009

Affaire Geisser : lettre ouverte à V. Pecresse, communiqué O. Roy, Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique (10 juin 2009) Réponse de V. Pécresse (11 juin 2009) - Sauvons l'Université

Affaire Geisser : lettre ouverte à V. Pecresse, communiqué O. Roy, Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique (10 juin 2009) Réponse de V. Pécresse (11 juin 2009) - Sauvons l'Université: "Affaire Geisser : lettre ouverte à V. Pecresse, communiqué O. Roy, Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique (10 juin 2009) Réponse de V. Pécresse (11 juin 2009)

samedi 13 juin 2009, par laurence

Pour signer la pétition de soutien à Vincent Geisser

Voir le texte de soutien voté par le CA de SLR

La lettre ouverte ci-dessous a été publiée sous forme de Tribune dans l’Humanité du 10 juin 2009

L’influence des savants et des intellectuels est certes quelque peu en déclin dans notre nouveau modèle de société. Chercheurs, universitaires et intellectuels n’en continuent pas moins de creuser leur sillon, faisant fi du bruit et de la fureur extérieurs. Ce qui ne signifie pas qu’ils vivent dans des bulles hors du monde. Au contraire, ils sont plus investis que jamais dans la mission qui est la leur : contribuer avec d’autres à apporter à leurs concitoyens cet élément de pensée critique indispensable à la préservation de la démocratie. Grâce aux réseaux qu’ils tissent par la circulation de leur pensée et de leur parole, au-delà des préjugés, des mythes ou des frayeurs en vogue et de leur instrumentalisation, ils n’ont de cesse d’agir au nom de la liberté et de l’impartialité, quelles que puissent être par ailleurs leurs éventuelles appartenances religieuses ou affinités politiques. Nos sociétés, trop souvent soumises aux diktats des médias et de l’internet, ont besoin de cette parole libre, au seul service des principes de la démocratie, évoluant sans entraves et produisant du savoir, de la connaissance et de la réflexion. Il se trouve que dans notre pays la majorité des intellectuels appartient à la fonction publique, ce qui ne signifie pas qu’ils soient de quelque façon inféodés à des institutions ou au pouvoir politique, même s’il existe certes parmi eux des intellectuels organiques. Si la liberté est nécessaire pour penser et écrire, il va de soi que l’obligation de réserve qui s’applique en général à certaines catégories de fonctionnaires ne peut aucunement s’appliquer à leur cas, sauf à n’attendre d’eux que la reproduction d’une doctrine officielle et stérile. Aujourd’hui, la convocation devant une commission disciplinaire, de notre collègue Vincent Geisser, chercheur au CNRS, accusé de n’avoir pas respecté cette ' obligation ', constitue un signe supplémentaire et particulièrement alarmant de l’idée que les institutions de notre pays semblent désormais se faire de notre rôle. Devrons-nous donc soumettre nos articles, nos livres, nos prises de position publiques à l’approbation de leur censure, alors qu’aucune consigne ne devrait émaner d’elles si ce n’est celle de la rigueur intellectuelle et de la créativité qui accompagne toute recherche ? Quels compromis honteux devrons-nous accepter pour échapper à l’humiliation d’un conseil de discipline ? La France, pays des droits de l’homme et de la liberté d’expression, est-elle en train de perdre son âme ? Comment continuer à faire notre travail, à assumer pleinement notre vocation, sous la menace constante de la sanction ? Que sommes-nous ? De simples courroies de transmission des idées qui ont l’agrément de nos dirigeants et des institutions qui nous emploient, ou des hommes et des femmes autonomes exerçant leur métier librement, en toute responsabilité, en toute honnêteté, et au service d’une recherche, d’une pensée et d’un savoir libres de tout carcan idéologique, n’ayant d’autre limite que la considération du bien commun ? L’obligation de réserve ne peut en aucun cas valoir pour les intellectuels, y compris lorsqu’ils sont fonctionnaires. Les y soumettre revient purement et simplement à les faire disparaître comme intellectuels, c’est ruiner la liberté dont ils ont besoin pour continuer leur œuvre salutaire, indispensable à la vie normale d’un pays politiquement sain, et qui a besoin d’eux pour son équilibre. Ce qui arrive à notre collègue Vincent Geisser, qui a le malheur de travailler sur l’islam, sujet brûlant s’il en est, est d’une extrême gravité et interpelle tous les citoyens de ce pays. Le traitement indigne auquel il est soumis est une honte pour la profession et pour la France.
COMMUNIQUE D’OLIVIER ROY

« Je tiens à apporter mon témoignage personnel sur l’attitude du haut fonctionnaire de défense, car il ne s’agit pas d’un conflit personnel entre lui et Vincent Geisser, mais bien d’une attaque systématique envers les chercheurs qui refusent les clichés sur l’islam. En 2007-2008, j’ai reçu un mail signé du haut fonctionnaire de défense me reprochant de mieux traiter l’islam que le christianisme. Estimant que cette personne n’avait pas à faire état de ses fonctions en exprimant ses opinions personnelles à l’encontre d’un fonctionnaire sur qui il pouvait avoir autorité, et en accord avec mon directeur de laboratoire, j’ai ignoré ce message et je l’ai mis en spam. Il apparaît maintenant qu’il s’agissait d’une sorte de provocation et je regrette d’avoir traité cette affaire simplement par le mépris.

Olivier Roy Directeur de recherche au CNRS »
COLLECTIF POUR LA SAUVEGARDE DE LA LIBERTÉ INTELLECTUELLE DES CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS-CHERCHEURS DE LA FONCTION PUBLIQUE

COMITÉ DE LANCEMENT

1. Ghislaine ALLEAUME, directrice de recherches au CNRS, directrice de l’IREMAM 2. Jean-Christophe ATTIAS, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études 3. Etienne BALIBAR, professeur émérite à l’Université de Paris 10 Nanterre 4. Nicolas BANCEL, professeur à l’Université de Strasbourg, détaché à l’Université de Lausanne 5. Jean BAUBEROT, Professeur émérite de la chaire Histoire et sociologie de la laïcité à l’Ecole pratique des hautes études 6. Esther BENBASSA, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études 7. Daniel BENSAÏD, professeur de philosophie à l’Université de Paris 8 8. Pascal BONIFACE, géopolitologue, Université de Paris 8 9. Marie-Françoise COUREL, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études, présidente honoraire de l’EPHE, ancienne directrice scientifique du département SHS du CNRS 10. Denis CROUZET, professeur à l’Université Paris-Sorbonne (Paris 4) 11. Alain DE LIBERA, professeur d’histoire de la philosophie médiévale à l’Université de Genève, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études 12. Christine DELPHY, directrice de recherche émérite au CNRS 13. Éric FASSIN, enseignant-chercheur à l’École Normale Supérieure 14. Nacira GUENIF, sociologue, maître de conférences à l’Université Paris Nord 15. Edgar MORIN, directeur de recherche émérite au CNRS 16. Laurent MUCCHIELLI, directeur de recherche au CNRS 17. Denis PESCHANSKI, directeur de recherche au CNRS, ancien directeur adjoint du département SHS du CNRS 18. Roshdi RASHED, directeur de recherche émérite au CNRS, professeur honoraire à l’Université de Tokyo 19. Olivier ROY, directeur de recherche au CNRS 20. Vincent TIBERJ, chercheur au Centre d’Etudes Européennes de Sciences Po et maître de conférence à Sciences Po 21. Tzvetan TODOROV, directeur de recherche honoraire au CNRS 22. Jérôme VALLUY, enseignant-chercheur, science politique, Université Panthéon-Sorbonne (Paris 1, CRPS, TERRA)

PREMIERS SIGNATAIRES 23. Frédéric ABECASSIS, maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Lyon, École normale supérieure Lettres et Sciences humaines, En délégation au Centre Jacques Berque pour les Etudes en Sciences humaines et sociales, Rabat 24. Amin ALLAL, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC), Tunis 25. Maria AMARA, doctorante en sciences politiques à l’IEP d’Aix en Provence 26. Françoise ASSO, écrivain, maître de conférences de littérature française à l’Université de Lille 3, membre du collectif 'UNIvers.Cité' 27. Francis BAILLEAU, sociologue, directeur de recherche au CNRS 28. Hélène BELLOSTA, directeur de recherche honoraire, CNRS 29. Maïté BOUYSSY, maître de conférences (HDR) en histoire contemporaine à l’Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne 30. Noëlle BURGI, chercheure CNRS 31. Hélène CLAUDOT-HAWAD, directrice de recherche au CNRS 32. Albano CORDEIRO, retraité, CNRS 33. Michèle CREMOUX, Toulouse 34. Catherine CURRAN VIGIER, maître de conférences d’anglais, Université de Rouen 35. Laurence DE COCK, professeur agrégée d’histoire, formatrice à l’IUFM de Versailles 36. François DESPLANQUES, maître assistant retraité de l’Université de Nice Sophia Antipolis 37. Fabrice DHUME, sociologue, chercheur à l’ISCRA 38. Maryse ESTERLE HEDIBEL, enseignante-chercheure à l’IUFM Nord Pas de Calais, Université d’Artois, chercheure CESDIP 39. Colin FALCONER, formateur d’anglais à la retraite, actuellement intervenant à l’université de Paris 3 (Département de la Formation Continue) 40. Vincent FOUCHER, CR1 CNRS - Centre d’étude d’Afrique noire 41. Yvan GASTAUT, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Nice 42. Charles GIRARD, allocataire-moniteur en philosophie, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 43. Denis GRIL, professeur à l’Université de Provence, rattaché à l’IREMAM 44. Jean-François HAVARD, maître de conférences en science politique, Université de Haute Alsace - Mulhouse 45. Béatrice HIBOU, directrice de recherche au CNRS, CERI-SciencesPo 46. Christine HUGUET, maître de conférences en littérature anglaise à l’Université Charles-de-Gaulle Lille 3 47. Florence HULAK, ATER en philosophie à l’Université Paris 1 48. Moritz HUNSMANN, doctorant en Recherches Comparatives sur le Développement, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Paris, Albert-Ludwigs-Universität Freiburg, Allemagne 49. Rada IVEKOVIC, professeure des universités, Université de Saint-Étienne & Collège international de philosophie, Paris 50. Stéphanie LATTE ABDALLAH, chercheur à l’IREMAM 51. Sylvain LAURENS, maître de conférences en sociologie à l’Université de Limoges 52. Christian LE BART, professeur de science politique, IEP de Rennes 53. Jean-François BAYART , DR1 au CNRS (SciencesPo-CERI) 54. Liêm-Khê LUGUERN, professeur d’histoire-géographie, doctorante EHESS-IRIS 55. Sami MAHBOULI, doctorant, Université Montpellier 1, CEPEL 56. Antoine MATH, chercheur à l’Institut de Recherches Economiques et Sociales (IRES) 57. Gilbert MEYNIER, professeur émérite à l’Université de Nancy 2 58. Soulé NGAIDE, Cimade 59. Olivier NOËL, sociologue, ISCRA-INED 60. Alexandre PIETTRE, doctorant 'sociologie du pouvoir' - CSPRP, Université de Paris 7, Ater science politique - DCS, Université de Nantes 61. Gildas RENOU, Université Rennes-1 62. Alain RUSCIO, chercheur indépendant 63. Jean SALEM, philosophe, professeur à l’Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) 64. Pierre SALY, maître de conférences honoraire en histoire contemporaine à l’Université de Paris 1 65. Aude SIGNOLES, maitre de conférences en science politique, Université de Galatasaray, ?stanbul (Turquie) 66. Patrick SIMON, directeur de recherche à l’INED 67. Bahram SOLTANI, Maître de conférences, directeur de recherche, Université de Paris 1 Sorbonne 68. Éric SORIANO, chercheur au CSU-CNRS (Paris 8) et à CRISES (Montpellier 3), maître de conférences en science politique, Université Paul Valéry 69. Sylvie THENAULT, chargée de recherche, CNRS (Centre d’histoire sociale du XXe siècle, UMR 80 58) 70. Claire VISIER, maître de conférences en science politique, Faculté de droit et de science politique, Université Rennes 1, membre du CRAPE.

RÉPONSE DE V. PÉCRESSE

Pour lire la réponse de V. Pécresse à la lettre, veuillez ouvrir le document ci-dessous.

MESSAGE D’ESTHER BENBASSA SUR LA RÉPONSE DE V. PÉCRESSE

Pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique

Chers collègues, chers signataires ou non-signataires de notre lettre ouverte à Valérie Pécresse,

Mercredi 10 au soir, la conseillère de Mme Pécresse pour les sciences humaines m’a téléphoné pour me demander de plus amples détails sur l’affaire V. Geisser. Pour ma part, j’ai demandé la suspension de la procédure disciplinaire engagée par le CNRS et le retrait de la plainte déposée en justice par J. Illand.

Je vous adresse en document joint la lettre que Mme Pécresse vient de m’envoyer, suite à cette conversation. Est-elle en mesure d’apaiser nos inquiétudes ? A vous d’en juger.

En ce qui me concerne, je considère que dès lors que « la liberté de pensée et d’opinion des chercheurs » est expressément garantie par Mme la Ministre, que le dossier constitué contre V. Geisser ne comporte en tout et pour tout qu’un mail, et que ce mail est privé (diffusé à l’insu de son auteur et contre sa volonté), il n’y a en tout état de cause ni diffamation susceptible de justifier une procédure judiciaire, ni matière à la réunion d’un conseil de discipline.

Pour garantir dans les faits et par l’exemple « la liberté de pensée et d’opinion des chercheurs », il convient de permettre à V. Geisser de sortir la tête haute de cette affaire. En revanche, si ce conseil de discipline se réunit, et pire le condamne, cela fera jurisprudence. Et l’on ne peut oublier que cette convocation intervient après quatre ans de harcèlement. Nous devrions soutenir V. Geisser jusqu’à ce que le CNRS suspende toute procédure à son encontre.

Nous ne pouvons accepter qu’une telle atteinte soit portée au fondement même de notre travail de chercheurs et d’enseignants-chercheurs.

Vous pouvez donc, si vous ne l’avez déjà fait, continuer à signer notre lettre sur le site : http://petition.liberteintellectuelle.net (en n’oubliant pas de répondre au mail de confirmation que vous recevrez après inscription). Sur la page d’accueil de ce site, vous aurez accès aux communiqués de soutien (associations professionnelles de sociologues, LDH, etc.) ainsi qu’à tous les articles parus sur cette affaire. Des papiers sont attendus dans Le Monde et Le Nouvel Observateur (versions papier).

Notre lettre a paru dans L’Humanité de ce mercredi 10 juin. Un grand nombre de sites continuent à la relayer.

Bien cordialement à vous, et merci pour votre attention, votre confiance et votre détermination,

Esther Benbassa, directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études
Documents joints

*
Courrier de V. Pécresse, 11 juin 2009 (PDF - 31.8 ko)

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* Affaire Geisser : lettre ouverte à V. Pecresse, communiqué O. Roy, Collectif pour la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs et enseignants-chercheurs de la fonction publique (10 juin 2009) Réponse de V. Pécresse (11 juin 2009)
* Compte-rendu du 8° Grand Débat de l’EHESS, « Refonder l’Université », 20 mai 09, par Michel Barthélémy, chargé de recherche au CNRS (Centre d’étude des mouvements sociaux - EHESS)
* Réflexions autour du 7° Grand Débat de l’EHESS, « La médiatisation du mouvement universitaire », 14 mai 09, par Michel Barthélémy, chargé de recherche au CNRS (Centre d’étude des mouvements sociaux - EHESS)
* Compte-rendu syndical du Conseil scientifique du département SHS tenu à Paris le 18 mai 2009
* Compte rendu du sixième Grand Débat de l’EHESS , « Université et EHESS : concurrence ou coopération ? », 13/05/09, par Michel Barthélémy, chargé de recherche au CNRS (Centre d’étude des mouvements sociaux - EHESS)
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* Compte rendu du cinquième des « Grands Débats de l’EHESS », consacré à L’opération campus (Condorcet et Saclay), 6/05/09, par Michel Barthélémy, chargé de recherche au CNRS (Centre d’étude des mouvements sociaux - EHESS)
* '2007-2009 : recherche en danger ? Contribution à la préparation de la réunion plénière du comité national de la recherche scientifique du 10 juin 2009', par Rémy Mosseri, version 1, 6 mai 2009, par
* 'SIRHUS : Refusons le fichage comme outil de management au CNRS', communiqué commun SNCS/SNTRS, 4 mai 2009
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Le CNRS convoque un de ses chercheurs devant la commission administrative paritaire - Communiqués et dossiers de presse - CNRS

Le CNRS convoque un de ses chercheurs devant la commission administrative paritaire - Communiqués et dossiers de presse - CNRS: "Paris, 10 juin 2009
Le CNRS convoque un de ses chercheurs devant la commission administrative paritaire
Le CNRS a convoqué Vincent Geisser devant la commission administrative paritaire, à la suite de propos calomnieux et injurieux qu'il a tenus envers le fonctionnaire de sécurité et de défense du CNRS dans l'exercice normal de ses fonctions.
Ceux-ci ont été diffusés le 14 avril dernier sur un blog public et reproduits par la suite sur internet. Se prévalant de sa fonction de chargé de recherche au CNRS, Vincent Geisser a utilisé des termes diffamatoires d'une grande violence : 'Le FD est un idéologue qui traque les musulmans et leurs 'amis' comme à une certaine époque, on traquait les Juifs et les Justes'.

Le CNRS ne peut tolérer de tels agissements envers aucun de ses agents, notamment envers un responsable en charge de veiller à la sécurité du personnel du CNRS et de son patrimoine scientifique.

Le CNRS a, dans le débat scientifique, le souci permanent de garantir la liberté d'opinion et d'expression de l'ensemble de ses chercheurs. La liberté intellectuelle ne peut cependant pas servir de prétexte à l'injure.

C'est uniquement en raison de ces injures publiques que le CNRS saisit l'instance disciplinaire compétente devant laquelle Vincent Geisser pourra faire valoir son point de vue avec les droits qui lui sont associés.


Contacts :

Presse
01 44 96 51 51
presse@cnrs-dir.f"

La protection pour mot d'ordre - Le journal du CNRS - CNRS

La protection pour mot d'ordre - Le journal du CNRS - CNRS: "Fonctionnaire de défense
La protection pour mot d'ordre
En septembre dernier, un nouveau fonctionnaire de défense a été nommé au CNRS. L'occasion de revenir sur le rôle primordial de cet homme indispensable à la sauvegarde de notre patrimoine scientifique et économique comme à notre sécurité. Interview de Joseph Illand.

« Vous avez pris vos fonctions de “Fonctionnaire de sécurité de défense“ (FSD)1 du CNRS le 1er septembre 2003. En quoi consiste, globalement, votre mission ?
Joseph Illand : Il s'agit avant tout d'une mission de protection. Elle concerne, des intérêts fondamentaux pour la Nation, qui touchent à la sauvegarde du patrimoine scientifique et économique, et à la défense et la sécurité publique, dans le périmètre d'activité du CNRS. Bien entendu, la responsabilité de cette protection relève du directeur général et de la ligne managériale (directeurs d'entité). Le FSD est là pour les aider à faire face à ces responsabilités et à conduire les actions appropriées. Dans la pratique, cela se traduit ainsi par une activité de veille, de sensibilisation, d'information, d'expertise, voire de contrôle.

- Pourquoi est-il à ce point nécessaire, pour le CNRS, de “se protéger” ?
J.I. : Sa richesse intellectuelle, son potentiel technique et humain peuvent susciter bien des convoitises. Des menaces existent qui vont de la fuite de secrets défense à l'utilisation frauduleuse de moyens informatiques, en passant par le pillage technologique. On peut aussi y ajouter l'atteinte à des personnes et la sécurité interne. La panoplie est plutôt large. Dans ce contexte, la mission du FSD est aussi d'identifier et d'évaluer les risques correspondants, en naviguant à bon escient entre ingénuité et paranoïa.

- Le CNRS est-il particulièrement “vulnérable” ?
J.I. : Une structure aussi ouverte et éclatée recèle nécessairement des failles. Les implantations en milieu universitaire et la mixité des structures de recherche sont en matière de sécurité des facteurs plutôt aggravants. S'y ajoutent, sur le plan humain, une culture et des pratiques encore éloignées du réflexe sécuritaire. Enfin, les échanges internationaux (notamment l'accueil de plus de 4 000 stagiaires étrangers dans les laboratoires) méritent une attention particulière.

- Soit, mais comment favoriser les échanges scientifiques avec le reste du monde et le recours aux potentialités de recherche extérieures tout en protégeant les intérêts fondamentaux de la Nation ?
J.I. : Une bonne politique de sécurité doit favoriser les échanges, et non les brider. Il s'agit en effet de permettre les échanges et de faciliter l'accès de nos laboratoires aux meilleurs potentiels étrangers par une maîtrise des conditions de ces échanges. La capacité d'un organisme à protéger son patrimoine renforce sa crédibilité et facilite la confiance de ses partenaires.

- Pouvez-vous préciser vos priorités d'action ?
J.I. : La protection de ces échanges internationaux est un axe capital qui couvre le contrôle de l'accueil des ressortissants étrangers dans les laboratoires (les visites, stages et recrutements), l'avis sur les coopérations internationales et l'avis sur les missions de chercheurs dans les pays à risques. La fonction de sécurité des systèmes d'information contribue sous un autre angle à la protection de notre patrimoine scientifique et technique. Pour l'essentiel, le but est de protéger la confidentialité, la disponibilité et l'intégrité des données (techniques, scientifiques, privées, de gestion etc…), surtout lorsque ces dernières présentent un caractère “sensible”. Enfin, quelques actions spécifiques sont menées en matière de secret de défense, d'habilitation des personnels, de contribution aux plans gouvernementaux de défense.

- Les chercheurs sont-ils réceptifs aux contraintes sécuritaires?
J. I. : Le qualificatif “sécuritaire” reste un peu tabou dans le milieu de la recherche, surtout s'il est accolé à des “contraintes” ! Mais la protection de richesses nationales face à des convoitises effectives est de mieux en mieux comprise. Il reste à passer de la compréhension intellectuelle à l'intégration, dans la vie courante, de mesures et dispositions qui relèvent parfois du bon sens et de la prudence. Il est vrai que la culture d'ouverture et de communication du chercheur ne le prête pas à être d'emblée “sur ses gardes”. Mais le FSD ne doit surtout pas agir seul. Car l'enjeu se situe au niveau du terrain. Et en ce sens, les maillons essentiels du dispositif de sécurité me semblent devoir être les directeurs de labos.

- Les dispositifs de sécurité actuels sont-ils perfectibles ?
J.I. : Un travail considérable a déjà été fait, par exemple en matière de procédures et de suivi pour ce qui est des échanges internationaux, mais aussi en matière de formation, de recommandations, d'outils et de constitution de réseaux pour la sécurité des systèmes d'information. Ceci étant, la sécurité est un état sans cesse perfectible. D'où l'importance d'une gestion prospective. Parmi les actions de progrès à engager, on peut citer la révision de nos procédures de contrôle des accueils dans les laboratoires et leur meilleure adaptation aux vulnérabilités, un renforcement du pilotage de la SSI (Sécurité des systèmes d'information) et une meilleure lisibilité de l'organisation correspondante au CNRS, ainsi qu'un renforcement des actions de sensibilisation et de communication.

Propos recueillis par
Philippe Testard-Vaillant
Notes :

1. Le Fonctionnaire de sécurité de défense est nommé par décision du directeur général du CNRS et travaille sous son autorité. Il appartient à la direction du CNRS. Il a bien sûr des liens étroits avec le haut fonctionnaire de Défense du ministère chargé de la Recherche, qui avalise sa nomination et dont il est, en quelque sorte, le relais fonctionnel au sein du CNRS.
Contact

Joseph Illand
CNRS, Paris
joseph.illand@cnrs-dir.fr"

Affaire Vincent GEISSER / Fonctionnaire sécurité de défense du CNRS : 5 ans de harcèlement sécuritaire - Indymedia Grenoble

Affaire Vincent GEISSER / Fonctionnaire sécurité de défense du CNRS : 5 ans de harcèlement sécuritaire - Indymedia Grenoble: "Affaire Vincent GEISSER / Fonctionnaire sécurité de défense du CNRS : 5 ans de harcèlement sécuritaire

lundi 8 juin 2009 par anonyme
[Sciences / Nécrotechnologies] [Travail / Précariat] [Répression / Contrôle social] [Autres infos]

Je me nomme Vincent Geisser. Je suis chargé de recherche au CNRS (CR 1) et président du Centre d’information et d’études sur les migrations internationales (CIEMI). J’ai été recruté au CNRS en octobre 1999, affecté à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), localisé à Aix-en-Provence. Avant cette nomination, j’étais chargé de mission au Ministère des affaires étrangères (MAE : 1995-1999), en tant que chercheur à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) de Tunis. Dans ce cadre, je dirigeais un programme scientifique euro-maghrébin sur les migrations étudiantes et intellectuelles dans le bassin méditerranéen, dont les résultats ont été publiés en 2000 aux éditions du CNRS. C’est donc tout naturellement que j’ai sollicité en 2003-2004, auprès des instances du CNRS, une « Aide à projet nouveau », en vue de poursuivre mes recherches sur les migrations intellectuelles entre l’Europe et le Maghreb, en m’intéressant cette fois-ci aux chercheurs maghrébins ou d’origine maghrébine travaillant pour les institutions publiques françaises (université, CNRS et INSERM…). Il s’agissait pour mon équipe de faire une évaluation scientifique rigoureuse de la contribution des « chercheurs et des universitaires maghrébins » au rayonnement de la recherche française dans le monde, en privilégiant les sciences fondamentales. Ce projet a particulièrement intéressé les instances du CNRS, puisqu’elles ont décidé de financer mon programme de recherche APN à hauteur d’environ 20 000 euros. C’est précisément dans ce cadre « APN » labellisé « CNRS » que nous avons lancé officiellement en avril 2005 notre enquête quantitative sur « les enseignants-chercheurs issus des migrations maghrébines ».

Je tiens à préciser, toutefois, que nous avons débuté cette enquête dans un climat assez lourd et passionnel. En tant qu’auteur de l’ouvrage, La Nouvelle islamophobie, paru en septembre 2003 aux éditions La Découverte et qui a connu une certaine médiatisation (10 000 exemplaires vendus), j’ai fait l’objet de nombreuses attaques provenant de différents milieux, notamment de l’extrême droite. Ce rappel permettra de comprendre beaucoup de choses et, en particulier, la surveillance étroite dont j’ai fait l’objet de la part du Fonctionnaire défense du CNRS.

En effet, c’est en septembre 2004 que se manifeste pour la première fois le Fonctionnaire sécurité de défense (FD) du CNRS. Avant cette date, je ne connaissais même pas son existence. Le FD adresse un email au directeur de mon unité de recherche (IREMAM), lui faisant part d’un certain nombre de problèmes inhérents à mon enquête. Il s’agit officiellement de régulariser l’enquête auprès de la CNIL [Commission nationale informatique et liberté]. Au départ, nous pensons que son intervention dans le dossier est de nature purement technique, voire juridique. En réalité, nous allons très rapidement nous rendre compte des soubassements sécuritaires de l’affaire. Dans le même email, le Fonctionnaire défense annonce que l’IREMAM va être prochainement classé en « établissement sensible » et qu’il appartient au directeur de l’Unité de lui fournir mensuellement la liste des stagiaires étrangers hors-Union européenne. C’est devenu une pratique routinière des directeurs de laboratoires du CNRS que de transmettre chaque mois la liste des « étrangers » travaillant dans leurs murs. En somme, l’email du Fonctionnaire défense tend à accréditer l’idée que notre enquête sociologique - pourtant banale - constitue une enquête « sensible » dans un établissement « sensible », touchant une population « sensible », sur une zone géographique « sensible » (le Maghreb et le monde arabe en général). Mais, il est vrai, qu’au départ, nous ne faisions aucun lien entre l’objet de notre enquête - strictement scientifique - et le « climat sécuritaire » qui commençait à gagner certaines institutions. C’est la lecture a posteriori des correspondances email qui fait apparaître ce « climat de suspicion » qui entoure notre laboratoire, en général, et certains chercheurs, en particulier, notamment ceux qui, comme moi, ont le « malheur » de travailler sur les questions d’islam, d’islamisme et d’autoritarisme dans le monde arabe.

Dès lors, le Fonctionnaire défense ne me lâchera plus. A partir de septembre 2004, il ne ce cessera de faire pression sur les instances locales, régionales et nationales du CNRS afin de me limiter dans mes activités scientifiques et intellectuelles, allant jusqu’à exiger des sanctions à mon égard. Il se déplacera même à Aix-en-Provence, le 2 février 2006, pour m’inspecter, en présence du Directeur de mon unité de recherche et du Délégué régional du CNRS « Provence ». Officiellement, la visite du FD a un but purement technique, afin de finaliser la mise en conformité de mon enquête avec les exigences de la CNIL. Ce que je conçois tout à fait. Mais après deux heures d’examen, le FD commence à me poser des questions précises sur le contenu d’un certain nombre de mes écrits, conférences ou déclarations de presse. A ma grande stupéfaction, je me rends compte alors que le Fonctionnaire défense dispose d’un dossier complet sur mes activités publiques, y compris des prises de parole à l’étranger dans le cadre du Conseil de l’Europe. Il me demande de me justifier sur un certain nombre de prises de positions, notamment mes critiques sur l’association « Ni Putes, Ni Soumises ». L’examen technique du questionnaire (objet officiel de la rencontre) se transforme en interrogatoire sur mes activités scientifiques, philosophiques et politiques. De même, il met en garde notre directeur d’unité sur les chercheurs signataires de certaines pétitions et lui demande de les rappeler à l’ordre afin qu’ils ne signent plus avec la mention « CNRS ». Je ressens personnellement un profond malaise dans une situation où un simple entretien professionnel se transforme rapidement en « interrogatoire politique ». A ma grande stupéfaction, je découvre qu’un véritable système de fiches de renseignements sur les chercheurs – ou, du moins, sur certains d’entre eux - a été mis en place par le Fonctionnaire défense au sein même du CNRS.

Alors que nous avions constitué un dossier de régularisation de mon enquête auprès de la CNIL, celui-ci ne sera jamais transmis. Le 15 mars 2007, nous recevons un courrier officiel du secrétaire général du CNRS nous demandant de « procéder à la destruction de tous les éléments collectés dans le cadre de cette enquête ». Le secrétaire général du CNRS se réfère à une jurisprudence de la CNIL et non à une décision motivée par ladite commission. En somme, il semblerait que le dossier n’est jamais été transmis à la CNIL, alors que tous les éléments de « mise en conformité » avaient été envoyés et que le CNRS avait même rédigé un projet de lettre à son président. Ni le directeur de l’IREMAM, ni le responsable de l’enquête, n’ont été informés de cette « mise en sommeil » unilatéral du dossier. Nous pensions sincèrement qu’il était en cours d’examen à la CNIL. Cela confirme bien l’hypothèse sécuritaire : il semblerait que l’action du Fonctionnaire défense durant ces 4 années n’avait nullement pour but de m’assister techniquement dans la procédure de légalisation de l’enquête mais tout simplement de l’enterrer, sous prétexte que son auteur serait suspect d’ « islamophilie » ou de relations de proximité avec les milieux musulmans. Cette hypothèse m’est confirmée oralement par un collègue du CEVIPOF, Vincent T…, qui dit avoir été consulté par le ministère de la Défense sur mon enquête à propos du « risque » de constitution d’un « lobby arabo-musulman » au sein du CNRS (sic). A ce moment, je me confie à mes collègues chercheurs, ainsi qu’à un certain nombre de spécialistes des enquêtes quantitatives qui me conseillent de réagir, y compris en publicisant « l’Affaire ». J’avoue que pour protéger l’institution et ne pas nuire à l’image du CNRS, je n’ai pas voulu en faire une « affaire d’Etat ».

En juillet 2008, la directrice SHS (sciences humaines et sociales) du CNRS, Marie-Françoise Courel, prévient oralement l’un de mes collègues, directeur de recherche, que le Fonctionnaire défense veut obtenir des sanctions à mon égard pour mes écrits d’opinion. La directrice SHS se pose en médicatrice, en me prévenant officieusement par email des pressions incessantes exercées par le Fonctionnaire défense sur les instances du CNRS afin que je sois sanctionné. J’avoue que mon moral est au plus bas et que, ce que je perçois comme un véritable « harcèlement moral » finit par peser sur ma santé. J’hésite alors à déposer plainte. Mais encore une fois, je ne veux pas nuire aux intérêts de mon laboratoire et au prestige du CNRS qui, plus est, dans une période de crise institutionnelle et de restructuration.

Le 4 avril 2009, j’adresse un message privé et personnel par email au Comité de soutien de la jeune allocataire de recherche, « Sabrina ». Dans le communiqué publié par ce Comité, il apparaît clairement que le Fonctionnaire défense est intervenu directement pour obtenir le non renouvellement de son allocation de recherche. J’avoue que la modération dont j’avais preuve jusqu’à présent finit par céder, et ce d’autant plus que je constate que le FD a fait une « nouvelle victime ». Il est vrai que dans mon message privé de soutien à Sabrina, je comparais l’action sécuritaire du FD aux méthodes utilisées contre les Juifs et les Justes. A aucun moment, je ne mets en cause le CNRS en tant qu’institution scientifique. Je m’étonnais simplement que la logique sécuritaire finisse par prévaloir sur la logique de la science et de la diffusion du savoir. Toutefois, je tiens à rappeler que mon email avait un caractère strictement privé, voire intime, et qu’il n’était pas destiné à être publié ni sur un Blog, ni sur un quelconque site Internet. C’est précisément pour cette dernière affaire que je suis convoqué officiellement devant le « conseil de discipline » du CNRS.

En réalité, ce qu’il faut bien appeler « l’Affaire Geisser / Fonctionnaire Défense » s’inscrit sur le long terme (2004-2009) et non simplement dans la « temporalité » de ces dernières semaines, fruit d’une attitude de suspicion et de pratiques concrètes de surveillance de mes écrits et de ma pensée qui ont souvent frôlé le harcèlement moral et ont nui à mes activités de chercheur et d’universitaire. Sur un plan plus général, cette affaire traduit l’intrusion inquiétante de logiques policières et sécuritaires au sein même des milieux scientifiques et universitaires, dont la finalité est de contrôler la production et la diffusion du savoir.
Annexe : LETTRE OUVERTE A MME VALERIE PECRESSE, MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE

Date : 4 juin 2009

Objet : De la part d’E. Benbassa. Texte du Comité de soutien à V. Geisser, convoqué devant une commission de discipline du CNRS

L’influence des savants et des intellectuels est certes quelque peu en déclin dans notre nouveau modèle de société. Chercheurs, universitaires et intellectuels n’en continuent pas moins de creuser leur sillon, faisant fi du bruit et de la fureur extérieurs. Ce qui ne signifie pas qu’ils vivent dans des bulles hors du monde. Au contraire, ils sont plus investis que jamais dans la mission qui est la leur : contribuer avec d’autres à apporter à leurs concitoyens cet élément de pensée critique indispensable à la préservation de la démocratie. Grâce aux réseaux qu’ils tissent par la circulation de leur pensée et de leur parole, au-delà des préjugés, des mythes ou des frayeurs en vogue et de leur instrumentalisation, ils n’ont de cesse d’agir au nom de la liberté et de l’impartialité, quelles que puissent être par ailleurs leurs éventuelles appartenances religieuses ou affinités politiques. Nos sociétés, trop souvent soumises aux diktats des médias et de l’internet, ont besoin de cette parole libre, au seul service des principes de la démocratie, évoluant sans entraves et produisant du savoir, de la connaissance et de la réflexion. Il se trouve que dans notre pays la majorité des intellectuels appartient à la fonction publique, ce qui ne signifie pas qu’ils soient de quelque façon inféodés à des institutions ou au pouvoir politique, même s’il existe certes parmi eux des intellectuels organiques. Si la liberté est nécessaire pour penser et écrire, il va de soi que l’obligation de réserve qui s’applique en général à certaines catégories de fonctionnaires ne peut aucunement s’appliquer à leur cas, sauf à n’attendre d’eux que la reproduction d’une doctrine officielle et stérile. Aujourd’hui, la convocation devant une commission disciplinaire, de notre collègue Vincent Geisser, chercheur au CNRS, accusé ne n’avoir pas respecté cette « obligation », constitue un signe supplémentaire et particulièrement alarmant de l’idée que les institutions de notre pays semblent désormais se faire de notre rôle. Devrons-nous donc soumettre nos articles, nos livres, nos prises de position publiques à l’approbation de leur censure, alors qu’aucune consigne ne devrait émaner d’elles si ce n’est celle de la rigueur intellectuelle et de la créativité qui accompagne toute recherche ? Quels compromis honteux devrons-nous accepter pour échapper à l’humiliation d’un conseil de discipline ? La France, pays des droits de l’homme et de la liberté d’expression, est-elle en train de perdre son âme ? Comment continuer à faire notre travail, à assumer pleinement notre vocation, sous la menace constante de la sanction ? Que sommes-nous ? De simples courroies de transmission des idées qui ont l’agrément de nos dirigeants et des institutions qui nous emploient, ou des hommes et des femmes autonomes exerçant leur métier librement, en toute responsabilité, en toute honnêteté, et au service d’une recherche, d’une pensée et d’un savoir libres de tout carcan idéologique, n’ayant d’autre limite que la considération du bien commun ? L’obligation de réserve ne peut en aucun cas valoir pour les intellectuels, y compris lorsqu’ils sont fonctionnaires. Les y soumettre revient purement et simplement à les faire disparaître comme intellectuels, c’est ruiner la liberté dont ils ont besoin pour continuer leur œuvre salutaire, indispensable à la vie normale d’un pays politiquement sain, et qui a besoin d’eux pour son équilibre. Ce qui arrive à notre collègue Vincent Geisser, qui a le malheur de travailler sur l’islam, sujet brûlant s’il en est, est d’une extrême gravité et interpelle tous les citoyens de ce pays. Le traitement indigne auquel il est soumis est une honte pour la profession et pour la France.

COLLECTIF POUR LA SAUVEGARDE DE LA LIBERTE INTELLECTUELLE DES CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS-CHERCHEURS DE LA FONCTION PUBLIQUE"

universités libres - Le Monde contre le mouvement universitaire

universités libres - Le Monde contre le mouvement universitaire: "Le Monde contre le mouvement universitaire
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universités libres - Lettre à Xavier Darcos, Citoyen, futur ancien Ministre de la République

universités libres - Lettre à Xavier Darcos, Citoyen, futur ancien Ministre de la République: "Lettre à Xavier Darcos, Citoyen, futur ancien Ministre de la République
Publié le 13 février 2009, mise à jour le 15 février 2009
par Admin

À Xavier Darcos,
Citoyen, futur ancien Ministre de la République

Monsieur,

Le 12 février, sur la radio RMC, vous avez déclaré ceci :
Il n’y a « aucune raison aujourd’hui objectivement [de repousser la réforme de la formation et du recrutement des enseignants à 2011, comme le demande le bureau de la Conférence des Présidents d’Universités]. D’ailleurs, on me dit 'les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela' ; vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd’hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi , n’est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n’ai pas absolument besoin d’entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur . Je définis les concours dont j’ai besoin . Je garantis la formation professionnelle des personnels que je recruterai . Après, chacun nous suit, ou pas. »

Ces propos sont inadmissibles.

Votre indifférence proclamée envers les demandes formulées par le bureau de la Conférence des Présidents des Universités, par la Coordination Nationale des Universités, par des conseils d’administration, des étudiants, des enseignants et des enseignants-chercheurs, des associations d’universitaires, des syndicats, des parents d’élèves est inadmissible.

Le cynisme avec lequel vous avouez ouvertement que peu vous importe qu’il y ait ou non au sein du service public des préparations aux concours de recrutement des enseignants du service public est inadmissible.

Cette porte grande ouverte aux préparations par des organismes privés à ces mêmes concours est inadmissible.

Surtout, il est inadmissible que vous prétendiez être le recruteur, inadmissible que vous asséniez neuf fois en quelques phrases l’idée que c’est vous qui recrutez, vous qui définissez, vous qui avez besoin, et que ces concours sont les vôtres.

Monsieur, ces propos sont ceux d’un chef d’entreprise. Ils relèvent d’une logique qui est celle du privé. Mais vous n’êtes pas chef d’entreprise, l’école n’est pas une société par actions dont vous seriez le président-directeur général. Vous êtes vous-même au service du recruteur et de l’employeur, qui ne coïncide pas avec votre personne, aussi remarquable puisse-t-elle être : le recruteur et l’employeur, c’est l’Éducation Nationale, c’est l’école de la République, c’est l’école de tous les citoyens, de tous les contribuables, de tous les électeurs, de tous les parents d’élèves, de tous les habitants de ce pays. Vous n’êtes pas doté des pleins pouvoirs. Vous êtes au service des citoyens de ce pays, vous êtes au service de la France.

Monsieur, ces propos vous disqualifient et vous déshonorent. Ils revèlent une confiscation de la res publica, de la chose publique, par un individu. Ils révèlent que vous vous considérez comme le dépositaire unique de la légitimité, dans un domaine qui relève de la volonté populaire. Ils révèlent que vous confondez votre position actuelle de Ministre avec un pouvoir que personne n’a le droit de vous contester, un pouvoir absolu. Vos propos rappellent, Monsieur, le basculement de la démocratie vers une personnalisation tyrannique du pouvoir dont l’histoire a donné maints exemples. Ils sont inacceptables pour tout républicain authentique, de Jules Ferry au Général de Gaulle.

Vous ne tenez votre légitimité de Ministre, Monsieur, que de l’expression de la volonté populaire. La volonté populaire ne vous a pas donné mandat de détruire au nom de la république un système fondé sur les valeurs de la république.

Nous vous accusons, Monsieur, d’indignité républicaine. L’école n’est pas votre propriété. Par vos propos, vous vous êtes montré inapte à assumer vos responsabilités républicaines et le mandat qui vous a été confié par le peuple français. Vous avez révélé que vous méprisiez et ne compreniez pas l’essence même de votre fonction de Ministre.

En tant que citoyens, électeurs, contribuables, parents d’élèves, habitants de ce pays, nous ne reconnaissons plus la légitimité morale et républicaine de la position que vous occupez.

Nous exigeons votre démission.

13/02/2009 21:14"

Molinié menacé par Pécresse et reprise des cours à la Sorbonne « Universités & Universitaires en lutte !

Molinié menacé par Pécresse et reprise des cours à la Sorbonne « Universités & Universitaires en lutte !: "Molinié menacé par Pécresse et reprise des cours à la Sorbonne
Posted on mai 20, 2009 by Admin

(info reprise depuis le site Fabula)

L’information a circulé sur internet, ici et là (lire notamment les commentaires sur cette page), et a été confirmée en AG à Paris IV ce mardi 19 mai: le ministère a menacé Molinié d’une destitution, considérant qu’il faisait de l’obstruction et gênait le fonctionnement de son université.

Sur le site Polart:

Molinié, président de Paris 4, menacé par V. Pécresse

Le président de Paris 4, Georges Molinié, engagé dans le mouvement universitaire, a été menacé par la ministre Pécresse publiquement d’être démis de ses fonctions avec mise sous tutelle de l’université. Cette menace fait suite aux décisions des AG de Paris 4 de ne pas tenir les examens, aux centres fermés en raison des grèves des BIATOSS, aux non prélèvements de salaires contre ceux ci.
Georges Molinié est sommé de faire passer des examens, et d’ouvrir les centres de Paris 4. Sans quoi le ministère le démettra de ses fonctions et nommera un administrateur chargé de faire passer les examens sous protection policière, et de rouvrir les centres. Si cette menace était mise à exécution, ce serait une première. L’intersyndicale de Paris 1 a assuré de sa solidarité qui se traduira par un soutien physique en cas d’application de la menace.

——————

L’AG de Paris 4 a toutefois voté ce mardi 19 la reprise des cours pour lundi et l’organisation des examens dans la dernière semaine de juin:

Blocages levés à la Sorbonne et à Paris-III (AFP – NouvelObs.com 19.05.2009)

Archivé sous: Paris 4 (Sorbonne)"

http://petition.liberteintellectuelle.net

http://petition.liberteintellectuelle.net: "COLLECTIF POUR LA SAUVEGARDE DE LA LIBERTÉ INTELLECTUELLE
DES CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS-CHERCHEURS DE LA FONCTION PUBLIQUE

Lettre ouverte à Mme Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche

Signer la pétition




- Historique de l'affaire Vincent Geisser (document pdf)
- Témoignage d'Olivier Roy, directeur de rechetche au CNRS (document pdf)



- Texte de la lettre ouverte (document pdf )

- Comité de lancement et premiers signataires (document pdf)

- Liste complète des signataires



- Communiqués et relais : AFS-ASES-AECSP-AFPS, Section LDH de l'EHESS, LDH Toulon, Réseau Terra, UJFP, ISCRA, L'Humanité, Sauvons l'Université, Universités en lutte, SNTRS-CGT, Ligue des droits de l'Homme, France Palestine Solidarité, Regards
- Articles parus sur l'affaire Geisser: Rue89, Mediapart, Nouvel Obs, Libération (8juin) , La République des livres (blog de Pierre Assouline), La Toile de l'éducation (newsletter du Monde), Telerama.fr, Libération (11 juin), Causeur, idée@jour (1er article), idée@jour (2e article), Le Monde

- La réponse de Mme Valérie Pécresse à notre lettre ouverte (10 juin) (document pdf)
- Communiqué de presse du CNRS (10 juin)"

CNRS : polémique autour d'une procédure disciplinaire - 12juin2009- Le Monde.fr

CNRS : polémique autour d'une procédure disciplinaire - Société - Le Monde.fr: "est une petite phrase qui a tout déclenché. Dans un courrier électronique envoyé en avril, en soutien à une allocataire de recherche toulousaine menacée de licenciement pour port du voile islamique, le chercheur Vincent Geisser, spécialiste de l'islam au CNRS, laisse éclater son exaspération : 'Le fonctionnaire de défense (qui, selon le comité de soutien, est intervenu dans cette affaire) est un idéologue qui traque les musulmans et leurs 'amis' comme, à une certaine époque, on traquait les juifs et les Justes.'
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Eclairage Chaque organisme de recherche dispose de son fonctionnaire de défense

Le 'fonctionnaire de défense' en question est Joseph Illand, un ingénieur-général, chargé au CNRS de la 'sauvegarde du patrimoine scientifique'. S'estimant diffamé, il porte plainte au pénal ; dans la foulée, la direction du CNRS convoque M. Geisser devant la commission de discipline le 29 juin, estimant ses propos 'calomnieux et injurieux', et de surcroît contraires à l'obligation de réserve qui s'applique à tout fonctionnaire.

Sans cautionner les propos, qu'ils jugent souvent 'excessifs' du mail de M. Geisser, nombre de chercheurs ont été indignés par cette convocation : 2 800 d'entre eux ont à ce jour signé une pétition lancée à l'initiative d'Esther Benbassa, directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études, au nom d'un collectif pour 'la sauvegarde de la liberté intellectuelle des chercheurs de la fonction publique'. Interpellée, Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, estime, dans une lettre datée du 10 juin, qu'elle ne peut s'exprimer sur 'un litige qui donne lieu à une procédure judiciaire', mais rappelle qu'il est de sa 'responsabilité de garantir la liberté de pensée et d'opinion des chercheurs'. Mme Benbassa demande la suspension de la procédure disciplinaire contre M. Geisser.

Car, sur la forme et sur le fond, cette affaire fait visiblement écho à des inquiétudes partagées par nombre de chercheurs sur le respect de leur statut d'intellectuels indépendants et, plus généralement, sur l'état de la recherche française. Comme il l'explique dans un long texte, M. Geisser replace en effet cette affaire dans un contexte plus large.

Sur la forme, les écrits pour lesquels il est convoqué relèvent, assure-t-il, d'une correspondance 'privée, voire intime', qui n'était pas destinée à être rendue publique sur le blog de soutien à la jeune chercheuse (il en a été retiré). Il n'y aurait donc, selon ses défenseurs, aucune raison d'invoquer une éventuelle 'obligation de réserve' ou une quelconque 'diffamation'. Le CNRS conteste le caractère 'privé' des propos. Sollicitée, l'avocate de M. Illand n'a pas souhaité répondre à nos questions.

Sur le fond, le chercheur, réputé pour ses recherches, mais aussi pour ses prises de position publiques parfois vives et ses chroniques sur le site d'information Oumma.com, a saisi l'occasion pour alerter ses collègues sur le 'harcèlement' dont il estime être l'objet de la part du militaire depuis 2004, date à laquelle il a lancé une recherche sur 'la contribution des chercheurs et universitaires maghrébins au rayonnement de la recherche française dans le monde'.

S'ensuit, selon M. Geisser, une série de convocations et 'd'interrogatoires sur mes activités scientifiques, philosophiques et politiques', jusqu'à la demande 'de destruction des éléments collectés dans le cadre de cette enquête' en 2007. 'Il semblerait que l'action du fonctionnaire de défense durant ces quatre années n'avait nullement pour but de m'assister techniquement dans la procédure de légalisation de l'enquête (auprès de la CNIL), mais tout simplement de l'enterrer sous prétexte que son auteur serait suspect 'd'islamophilie' ou de relations de proximité avec les milieux musulmans.'

Citant des témoignages de ses collègues, qui l'auraient averti d'une enquête sur sa personne au motif qu'il était en train de constituer 'un lobby arabo-musulman' au sein du CNRS, il accrédite la thèse que 'cette affaire traduit l'intrusion inquiétante de logiques policières et sécuritaires au sein même des milieux scientifiques et universitaires'. 'Je confirme tout ce qu'écrit Vincent Geisser', nous déclare Marie-Françoise Courel, directrice sciences humaines et sociales du CNRS au moment des faits. 'Et je garantis la qualité scientifique de ses travaux.'

S'ils peinent à étayer leurs convictions par des faits, plusieurs chercheurs, sous le couvert de l'anonymat, dénoncent un contexte de 'délire sécuritaire', accentué par le sentiment 'antimusulman' du fonctionnaire de défense en poste au CNRS. Il se murmure par exemple que la jeune musulmane chercheuse en microbiologie sanctionnée à Toulouse l'a été 'parce que, dans le cadre de ses recherches, elle avait accès à des virus'. 'Depuis quatre ans, un chercheur spécialiste de l'Afghanistan est empêché d'aller enquêter sur son terrain. Il fait quoi ? Il change de métier ?', s'interroge une chercheuse.

Seul Olivier Roy, également spécialiste de l'islam, témoigne avoir reçu il y a deux ans un courrier électronique de M. Illand lui reprochant 'de mieux traiter l'islam que le christianisme'. Pour le chercheur, preuve est faite qu'il ne s'agit pas 'd'un conflit personnel entre (le fonctionnaire de défense) et Vincent Geisser, mais bien d'une attaque systématique envers les chercheurs qui refusent les clichés sur l'islam'. 'C'est une croisade contre l'islam', nous assure-t-il, regrettant aujourd'hui d'avoir jeté le message en question et traité cette affaire 'par le mépris'.
Stéphanie Le Bars"

Geisser, un son de cloche contre...

Geisser, Redeker, même combat ! - Causeur: "ous voilà de nouveau avec une de ces affaires dont le landerneau intellectuel français raffole : le politologue Vincent Geisser est, paraît-il, “sommé” de se présenter devant le conseil de discipline du CNRS pour y répondre de “manquement à l’obligation de réserve”.

Que reproche-t-on à Vincent Geisser ? D’avoir, dans un courriel de soutien à une jeune femme privée d’allocation-recherche pour cause de voile islamique, mis en cause le fonctionnaire du ministère de la Défense détaché au CNRS, chargé de veiller à ce que les chercheurs ne mettent pas en danger la sécurité nationale.

Selon Geisser, la jeune femme sanctionnée, Sabrina Trojet, chercheuse en microbiologie, serait victime de ce fonctionnaire, Joseph Illand, qui se livrerait de surcroît à un harcèlement incessant de sa propre personne, en raison de ses prises de positions favorables aux musulmans. Il concluait son courriel en affirmant que Sabrina et lui-même étaient l’objet d’une persécution semblable à celle subie par “les Juifs et les Justes” pendant l’occupation nazie. Ce courriel s’est retrouvé, à l’insu de Vincent Geisser, sur le blog de Sabrina et quelques sites pro-islamistes.

Il n’en fallait pas plus pour que les signataires habituels de pétitions “progressistes” (entendez par-là les Etienne Balibar, Esther Benbassa et consorts à la compassion unilatérale) montent au créneau pour dénoncer cette atteinte intolérable à la liberté d’expression.

Vincent Geisser est l’auteur, entre autres, d’un livre paru en 2003 La nouvelle islamophobie, une riposte à La nouvelle judéophobie de Pierre-André Taguieff, qui prétend démontrer que les seules vraies victimes du racisme dans notre beau pays sont les musulmans en général et les Arabes en particulier. Vincent Geisser est un représentant de cette gauche universitaire islamophile qui a parfois du mal à distinguer clairement islamisme et islam. L’auteur de La nouvelle islamophobie expose une thèse aussi erronée qu’insupportable : la France, en raison du traumatisme hérité de son histoire coloniale, n’arriverait pas à appréhender le fait musulman comme un fait religieux national. Le discours islamophobe emprunterait de manière privilégiée au registre républicain ses arguments d’un islam incompatible avec l’universalisme issu des Lumières. Dans le prolongement du racisme néo-colonial, les “républicains” ne seraient toujours pas sortis d’un rapport civilisateur à l’islam et verraient l’identité française comme exclusive de l’identité musulmane, d’où l’hostilité des républicains au port du voile islamique à l’école !

Geisser ne se contente pas, d’ailleurs, de défendre ses positions dans de savants écrits destinés à ses pairs, mais il descend sur le terrain, à savoir dans les cités HLM où les immigrés maghrébins sont nombreux, pour les appeler à la révolte contre la situation injuste qui leur serait faite. Ainsi, il est arrivé jusqu’au pied des montagnes où je demeure, dans la petite ville industrielle de Scionzier, en Haute-Savoie, pour prêcher la bonne parole aux musulmans y résidant en compagnie d’Hani Ramadan, le frère de Tarik. Hani, responsable du Centre islamique de Genève a connu son quart d’heure de notoriété grâce à une tribune publiée dans Le Monde où il justifiait la lapidation des femmes adultères. Vincent Geisser est un compagnon de route des Frères musulmans, qui, en France, contrôlent l’UOIF, comme on était jadis compagnon de route du PCF et admirateur des réalisations grandioses de l’URSS.

Dès lors que Geisser ne se contente pas de faire de la politologie dans le silence studieux de son bureau, il est naturel que les “services” surveillent du coin de l’œil ses activités. Les Frères musulmans ont parfois quelque attirance pour des méthodes brutales pour faire progresser leurs idées, et ne se contentent pas de la rhétorique policée d’un Tarik Ramadan destinée à séduire les belles âmes occidentales.

Faut-il pour autant rappeler Geisser à ce “devoir de réserve”, dont tout fonctionnaire ne devrait jamais se départir ? Robert Redeker se vit, en 2006, lâché par les collègues du lycée où il enseignait à Toulouse pour avoir écrit une tribune violemment anti-islamique dans Le Figaro. Soutenu mollement par sa hiérarchie après qu’il eut reçu des menaces de mort, il finit par se retrouver chercheur au CNRS, comme Vincent Geisser.

Même fonctionnaire, un intellectuel, un enseignant, un chercheur, doit bénéficier de la même liberté d’expression que celle de tous les autres citoyens de la République, y compris celui de dire et d’écrire des bêtises, pour autant qu’elles ne tombent pas sous le coup de la loi. A la différence des fonctionnaires d’autorité, comme les préfets, sous-préfets, ambassadeurs, etc., qui incarnent l’Etat dans les lieux où ils sont affectés, le discours des chercheurs n’engage qu’eux-mêmes. Le limogeage, en 2007 du sous-préfet Bruno Guigue, pour cause de publication d’une tribune violemment anti-israélienne sur le site islamiste Oumma.com était donc parfaitement justifié, comme l’a tranché le conseil d’Etat. Il l’aurait été tout autant, d’ailleurs, s’il avait publié un texte violemment anti-islamiste dans Tribune Juive1. Qu’on lâche donc les babouches de Vincent Geisser, qui n’en pourrait plus de satisfaction narcissique d’être, enfin, une “victime” de l’arbitraire étatique à l’image de ceux qu’il s’efforce de faire passer pour tels."